François de SANTERRE
Depuis 1983, le Cirque Plume ne cesse d’étonner. Aujourd’hui encore, il parvient à nous surprendre et à nous enchanter. Son nouveau spectacle Mélanges-Opéra Plume, travail collectif établi autour d’une idée de Bernard Kudlak, se situe entre ciel et terre. Entre un ange hors normes, SDF, c’est-à-dire Sans Dieu fixe, et des terriens aux allures les plus banales qui pourtant, chacun dans leur genre, dans leur style et dans leur technique, orientent notre façon de rêver. Le cirque ici n’est pas un prête-nom, un cache-misère. Les techniques de la jonglerie, de l’acrobatie ou du trapèze à grand ballant sont totalement respectées. La principale originalité est la façon dont elles sont amenées dans ce gigantesque mixeur. Et pour réussir ces enchaînements rien ne vaut l’humour. La parodie surprise, le gag inattendu, intense, explosif vous prennent de court comme cette irrésistible lévitation à l’aide d’une contrebasse qui vaut bien tous les numéros de grande illusion.
À propos de ce spectacle ne parlons pas des arts de la piste car l’imposant chapiteau du Cirque Plume n’abrite que des gradins disposés en amphithéâtre et d’une scène à plusieurs niveaux. Ce concept facilitait grandement la cohabitation entre danse, mime et musique. La première de ces disciplines est notamment évoquée par un pas de deux langoureux entre une danseuse contemporaine qui se joue des chapeaux de son partenaire jongleur. La musique signée Robert Miny est, quant à elle, omniprésente. Les cuivres sont confiés à trois jeunes femmes qui sont également chanteuses, et la guitare électrique fait bon ménage avec l’accordéon. Même ce piano à bretelles réserve bien des surprises ! Quant à l’Ange, pour le plus grand plaisir de tous, il perd quelques plumes au cours de ce spectacle à la fois hilarant et poétique.