Annette VIAL
Une note de romantisme, une louche de folie, une pointe d’humour grinçant pour ponctuer un festival d’exploits !
Les nombreuses personnes présentes à la "première" de cette série de représentations bisontines du cirque Plume ne s’y sont pas trompées.
Boudant la célèbre maxime "nul n’est prophète en son pays ", elles ont littéralement ovationné ces magnifiques gens de spectacle que sont les membres la troupe.
Dois-je l’avouer ? je n’aime pas le cirque !
Ai-je à ce point perdu mon âme d’enfant ? Allons donc !
J’ai toujours détesté le cirque, ses malheureux animaux savants, ses ennuyeux jongleurs, ses acrobates dont les voltiges m’angoissent, ses clowns parfois si... primaires.
Sans parler de l’outrecuidant Monsieur Loyal, du crincrin ringard qui ponctue l’exploit, du crottin fumant qu’on retire à la pelle, des vedettes qui saluent rictus-sourire aux lèvres, des capes rouges, des dorures et paillettes, des gens déformés, malformés, transformés qui peuplent cet univers sans âge, figé dans une routine expliquant si bien la mort du genre.
Tout métier comporte ses servitudes et pour moi, suivre une représentation sous chapiteau pour ensuite rédiger un article "objectif", tient véritablement du pensum.
Mea culpa ! J’ai vu, j’aime.
J’ai savouré chaque instant, chaque seconde de "No animo mas anima", dernière création du cirque Plume.
Rien de compassé dans le spectacle, on partage le plaisir évident et permanent des quinze artistes, on cautionne leurs débordements, on plébiscite leurs délires, on intègre leur musique.
Un tout. un univers dans lequel on entre avec passion.
Même le changement d’accessoires fait l’objet d’un gag, d’un clin d’oeil assurant la suite logique du programme.
Sous ce chapiteau, on ne montre pas, on joue et l’exploit fait partie de la scène.
Un art totalement renouvelé par des gens imaginatifs, drôles, talentueux qui, tous, pratiquent avec aisance la polyvalence.
La lumière aux effets multiples qui se pose sur le détail à voir, se transforme en sujets de décors, souligne le geste et le mouvement, des grands drapés blancs, les mobiles en bois qui servent de base à l’action, et cette musique aux accents successivement romantiques, tendres, rythmés, loufoques, spécialement conçue à l’occasion de ce spectacle et magistralement interprétée en direct par les artistes tour à tour gens de piste et membres de l’orchestre, des numéros inattendus comme l’acrobate zoomorphe ou les jeux en ombres chinoises, autant d’éléments qui se marient, se répondent, s’imbriquent pour faire de "No animo mas anima" un merveilleux spectacle où, pour ma part, Je n’enverrai que mes amis.