Aux prises avec une fuite d’eau, les artistes du Cirque Plume marient jonglerie aquatique et magie poétique.
Mathieu Braunstein
Depuis près de deux ans, le Cirque Plume promène ses fuites d’eau à travers la France. Il est passé par Nantes en novembre, il repassera par Lyon en décembre. Le prétexte ? Un problème de climatiseur déréglé lors d’une tournée de la compagnie à New York, qui sert justement de fil conducteur au spectacle Plie Ploc.
Cette histoire de fuites d’eau donne naissance à un beau personnage de plombier acrobate, à un concert de casseroles sous les gouttes, à une féerie pour toile cirée... Le truc du Cirque Plume revient à faire jonglerie de toute chose, et notamment à jouer aussi légèrement avec les mots qu’avec les corps. Sur la bascule et sur les anneaux, les jeunes acrobates en soieries éclatantes se livrent à des saltos décoiffants et à d’incroyables contorsions. Mais le petit clown à l’accent du terroir (Patrick Barbenoire) jongle à sa manière, lui aussi. De quoi nous parle-t-il ? " De crevettes et de Croates. " Va donc pour la pêche à la " crobate " !
Plie Ploc est une invitation au voyage, loin des conventions du cirque circassien, vers des imaginaires non encore défrichés ou des pays qui n’existent pas. Une scène, enchanteresse et fragile, de reflets sur une plage, nous entraîne très très loin du chapiteau. Par la magie d’un seul projecteur, un écran agrandit démesurément les ombres pour montrer des amoureux, des promeneurs, des châteaux de sable... C’est beau et simple à la fois.
Dans le discours de Monsieur Loyal (Pierre Kudlak), le joueur d’hélicon, il est question d’une harmonie qui ne serait pas que municipale. On n’a qu’une envie, c’est d’y croire. Le Cirque Plume réunit les générations, sur les gradins comme sur la scène. Et, de fait, la compagnie franc-comtoise, fondée en 1984, intègre deux familles de cirque. D’un côté, les saltimbanques de l’origine, aujourd’hui à la guitare, au chant ou au " pianicyclette ". De l’autre, une jeune garde solide et vigoureuse, française ou nord-américaine, rarement issue de l’Ecole nationale supérieure de cirque de Chalons. Les Plume ne jouent pas les vieux contre les jeunes ni les " crevettes " contre les " crobates ". S’ils combattent, ils le font tous ensemble, abrités derrière des parapluies devenus imprévisibles, indomptables.
Du 30 nov. au 23 déc. à Lyon, Maison de la danse (04-72-78-18-18). Du 1er au .11 février 2007 à Saint Etienne, Palais des spectacles (04-77-49-47-80). Du 2 au 7 mars à Rueil-Malmaison, Théâtre André-Malraux (01-47-32-24-42).