Michèle Yahyaoui
La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Si certains tentent de la dompter, les artistes du cirque Plume ont choisi de s’en amuser. Et cela ne date pas d’hier.
"On les connaît depuis leurs débuts à Besançon. Il y a une vingtaine d’années, ils sortaient dans les rues avec leurs cymbales et leurs tubas. Ils jouaient bien et faisaient déjà rire tout le "pays"" se souviennent des inconditionnels devant le chapiteau dressé à Salins-les-Bains (39).
La petite troupe de saltimbanques a bien grandi. Si sa réputation dépasse aujourd’hui les frontières de l’Hexagone, elle demeure toujours l’enfant chéri des Franc-Comtois. La commune Jurassienne, qui l’a accueillie pendant trois mois pour lui permettre de répéter, a eu la primeur de son nouveau spectacle "Mélanges (opéra Plume)" avant une tournée européenne.
Drôles d’oiseaux
Dans le public impatient de voir la scène s’animer, léonard, 5 ans fait tournoyer son dauphin.
Un numéro insolite sous un chapiteau qui n’accueille pas d’animal, tout au plus de drôles d’oiseaux. Premier mouvement, premiers éclats de rire. Un ange SDF a élu domicile dans l’auberge espagnole où se côtoient une minette des cités, un jongleur basque, une cantatrice irlandaise. La voix de l’une s’enroule dans les gestes de l’autre. Observateur inspiré, l’ange est là qui navigue entre ciel et terre. Cette belle plume blanche qui, telle une obscure clarté, tombe de la toile, n’est pas perdue pour tout le monde. La concierge l’attrape au volet la fiche dans son plumeau. Quand l’un se déplume, l’autre se remplume.
Des portables
enfin sortables
En arabesques dans la lumière, en rodéo sur des vélos en coups de balai sur la tète, en vols sur des cordes…
Le spectacle se niche partout. Une contrebasse si légère sans les airs, des portables enfin sortables enrichissent encore la gamme des émotions.
Quand les lumières se rallument, les yeux sont encore éblouis et les commentaires s’entremêlent. Léonard parle du "monsieur qui vole à cause de la plume qu’on lui a mis dans le tee-shirt". Cette retraitée d’Arbois évoque la richesse d’une œuvre complète : "Ce sont vraiment des musiciens, des acrobates. C’est un joli cirque reposant". Tandis que des jeunes semblent sonnés comme après un concert :"ça a donné". Chacun prend ce qu’il veut dans ce spectacle drôle, coloré, poétique, sale, brouillon, précis comme la vie.