Danielle Robert
Si vous n’avez encore jamais vu un viking descendre un escalier à vélo avant de s’écraser contre la scène ... et grimper un autre escalier pour monter sur cette scène, précipitez-vous à Paris, au Cirque Plume. Vous y serez invité à vous poser cette question essentielle "L’harmonie est-elle municipale ?".
Depuis dix ans, Plume a pris, au départ de Besançon, une place originale dans le monde du spectacle, entre cirque classique et fantaisie loufoque à la Jérôme Savary. Et a planté pour la seconde fois son chapiteau à la cité des sciences de la Villette jusqu’au 16 mars.
Trapéziste et ombres chinoises
Si vous avez entre 7, non disons 3 et 77 ans, ne perdez pas de temps. Précipitez vous, on vous dit. Sous chapiteau, la scène est celle d’un théâtre, plus proche des tréteaux de la Commedia Dell’arte que des ors de la Comédie Française. Avec son orchestre, son trapèze, son fil de funambule. Vous passez par un sas où vous pouvez prendre un pot, le temps de poser vos valises, de débarrasser votre tête des miasmes de la ville et de la journée de travail, le temps de faire de l’air sous vos cheveux, un air léger comme une plume. Et de humer ce souffle de complicité qui règne entre amis très gais.
Du cirque, Plume n’a ni le tigre rugissant, ni l’éléphant ondulant, ni le cheval bondissant. Encore que, si on cherche bien ... Du cirque, Plume a le saxo claironnant, la cymbale explosante, la trapéziste rose et le clown à paillettes, l’équilibriste et la fildefériste. Du cirque, Plume a les pieds en dedans, les yeux ronds de stupeur, les gags et les pétards. Plume a le langage du cirque.
Mais Plume n’est absolument pas un cirque. Serait-ce un opéra, avec sa soprano, ses velours, ses soieries et ses mousselines, sa musique wagnérienne ou baroque. A moins que peut-être, un concert de rock... ou plutôt une pièce Labiche, avec des jaloux mécaniques, un théâtre d’ombres chinoises ou un chorégraphie moderne avec ses drapés grand style.
L’éternel féminin et masculin
Décidément non, on n’enfermera Plume dans une boite pour y poser une étiquette, il en ressurgirait comme un beau diable. La malle mystérieuse n’a pas de secret pour lui, vous le jetez par la porte, il rentre par la fenêtre.
Donc soyons léger, abandonnons nous, Plume s’occupe de tout durant cette heure et demie de spectacle mené tambour battant sur un scénario de Bernard Kudlak et les arrangements musicaux de Robert Miny. Ça virevolte, saute, rampe, danse et se balance, à l’endroit, à l’envers. Et on rit beaucoup.
Mais l’acrobatie, la prestidigitation, la performance, ne sont pas une fin en soi pour un "sous vos applaudissements". La gestuelle, et les numéros du cirque ne sont que des moyens de dire.
De montrer en l’occurrence que les relations humaines c’est pas toujours l’harmonie. que le féminin ou le masculin n’est pas toujours là où on croit le trouver. Que l’éternel masculin se nourrit et s’épanouit de l’excitante minauderie de l’éternel féminin. Mais que la pomme d’Eve a parfois quelque goût d’amertume.
L’harmonie, on la trouve dans ce spectacle foisonnant, enlevé et rythmé où tout se termine dans un envol de plumes et de nez rouges.
Fin 1983, neuf saltimbanques, tous musiciens, danseurs et comédiens présent à Besançon, dans un chapiteau de fortune un spectacle influencé par les arts de la rue. C’est au printemps 84 que naît officiellement le Cirque Plume, qui gagnera au cours des années une réputation confortée par des passages à Avignon, Tunis, Paris, Bruxelles. Le "spectacle de cirque et de merveilles" a été joué 3000 fois. En 1990, Plume reçoit le grand prix national du cirque, le prix Piaf en 1991, année ou il donne 40 représentations au Parc de La Villette. A la fin de l’année, un spectacle est crée pour le Palais omnisports de Bercy. Pis les tournées se succèdent "No Animo Mas Anima’ aura été joué 240 fois devant 170.000 personnes en France et en Europe. "Toiles" comptera 265.000 spectateurs. En 1996, Plume s’offre un superbe chapiteau jaune vif de 950 places, installé jusqu’au 16 mars 1997, au Parc de La Villette.
Le Cirque Plume sera ensuite au Théâtre des Arts, scène nationale de Cergy-Pontoise, du 1er au 6 avril. Au Volcan, scène nationale du Havre, du 30 mai au 6 juin. A la criée, théâtre national de Marseille, en novembre-décembre.
Il plantera également son chapiteau à Besançon du 24 avril au 4 mai 1997 pour 8 représentations. Et sous réserve à Pontarlier.
Renseignements au 03.81.81.38.80