Ils jouent à guichets fermés pendant huit avant-premières avant d’entreprendre une tournée mondiale avec "L’atelier du peintre".
Benoît Ingelaere
LE CIROUE Plume présente actuellement "L’ Atelier du Peintre", son nouveau spectacle. Après "Plic-Ploc", où il racontait l’histoire d’une goutte d’eau, Bernard Kudlak a, cette fois, choisi d’aborder le thème de la représentation du monde. "Vois sa beauté ; vois sa douceur", demande Pierre, son frère, en préambule à un captivant va-et-vient entre l’endroit et l’envers de la toile.
Un millier de spectateurs assistaient, vendredi 8 mai, à la première d’une série de huit avant-premières à Salins. Ces représentations se poursuivent jusqu’à samedi. Elles sont données à guichets fermés, preuve s’il en fallait que la compagnie jurassienne a su, au fil des ans, s’assurer l’indéfectible soutien d’un public toujours plus large. Pénétrer sous le chapiteau du Cirque Plume, c’est en effet prendre le risque d’être à jamais conquis par un univers où l’artifice et la performance s’effacent derrière la poésie.
Musique de Robert Miny
Pendant près de deux heures, le Cirque Plume revisite le thème de l’artiste démiurge qui, depuis Pygmalion, fascina de nombreux auteurs. Le peintre comme le sculpteur rêvent d’insuffler la vie au personnage auquel ils viennent de donner forme. Ouitte à lui soumettre leur âme. Sur scène, la confrontation devient ballet, expression de sentiments où se mêlent l’admiration et la crainte.
Numéro de roue allemande, sangles aériennes, main à main... : "LAtelier du Peintre" reste un spectacle conçu par et avec des artistes de cirque. Bernard Kudlak semble toutefois s’approcher toujours davantage de l’art de la danse, parfaitement desservi pour cela par le talent musical de Robert Miny.
Ce dernier partage aussi, avec Pierre Kudlak, le rôle de "peintres bavards" dont les interventions nous renseignent sur les intentions de l’auteur. Lequel traite avec déférence le génie des maîtres, de Vélasquez à Picasso. II est beaucoup moins délicat à l’égard des artistes contemporains, caricaturés sous les traits d’un peintre matérialiste adepte de l’artillerie lourde. Le metteur en scène s’amuse aussi des travers d’un collectionneur américain, également incarné par Mark Pieklo.
"On vient de votre part"
Comme au musée, on prend le temps d’admirer les tableaux qui défilent sous nos yeux. Laura Smith évolue sur le trampoline parmi les pétales rouges pour nous faire partager un moment d’allégresse. On accompagne au contraire le peintre dans la détresse lorsque, un peu plus tard, la vie d’Antoine Nicaud semble ne tenir qu’à deux sangles au bout desquelles il n’est plus qu’une marionnette usée. Le public a également longuement salué la prestation du jongleur Tibo Tout Court, dont le numéro incarne parfaitement l’originalité du Cirque Plume : la ronde des balles devient percussion, qu’accompagnent le violon et la clarinette.
Plusieurs des artistes sur la scène de "L’Atelier du Peintre" avaient participé à la tournée mondiale de "Plic Ploc". Depuis les gradins, on perçoit le plaisir avec lequel ils se lancent dans cette nouvelle aventure. A l’issue de la première représentation, Bernard Kudlak a lui aussi voulu dire combien iI est, à chaque fois, "content de revenir à Salins". L’immense chapiteau jaune du Cirque Plume se dresse encore sur la place Barbarine jusqu’à la fin de la semaine. II va ensuite poursuivre son périple à travers l’Europe et même le monde. "On dira aux gens qu’on va rencontrer qu’on vient de votre part", promet Bernard Kudlak.