Le Parisien Magazine28 novembre 2014
Quel cirque !
Loin des performances tape-à-l’œiI, le Cirque Plume fête son 30e anniversaire avec Tempus Fugit ?, un spectacle aérien et bohème.
Tempus fugit. Comme le temps fuit... Trente ans déjà ? Pour célébrer son anniversaire, le Cirque Plume choisit de regarder dans le rétroviseur avec tendresse. C’est la fête, et quelle fête, orchestrée par les anciens, rejoints dernièrement par de jeunes recrues. Ce cirque-là n’est pas que spectaculaire, il est joyeusement bohème. En rien tape-à-l’œil, il avance à pas feutrés et s’est fait une place bien à lui dans ce que l’on appelait « le nouveau cirque ››, à l’orée des années 1980. Sous la houlette de son cofondateur Bernard Kudlak, le Cirque Plume tricote, depuis ses débuts, un art où la virtuosité le dispute à la technique. Dans ses spectacles - dix en trois décennies -, les moments éclatants succèdent aux petites bulles de poésie et les prouesses circassiennes, aux envolées musicales et aux folles inventions.
Une fanfare endiablée clôt le bal
Tempus fugit ? ne fait pas exception à la règle. C’est un clown, sans nez rouge (Mick Holsbeke), qui fait valser avec adresse son chapeau melon ou jongle avec la lumière d’un ballon à l’allure de soleil couchant. C’est un face-à-face étourdissant entre deux artistes qui utilisent leur corps pour jouer des percussions et rivalisent de technique pour mieux se séduire. C’est une funambule (Molly Saudek) qui avance à petits pas avant de se lancer dans une danse effrénée, un violoniste qui s’envole ou un prodige exécutant d’incroyables acrobaties dans la roue Cyr qui l’encercle, La vie palpite en chacun de ces artistes et dans le moindre objet occupant la scène du chapiteau. Un piano à queue valse dans les airs, des bulles de verre jouent une étrange musique, un lourd tonneau s’emballe, le parquet tremble... Sous des airs foutraques, le spectacle est réglé au cordeau.
Le monde de Plume ? De douces mélodies ou des airs tonitruants signés Benoît Schick, de la fantaisie et de la frénésie mêlées... On rit et on est émus. Après presque deux heures de show, une fanfare endiablée clôt le bal et la foule d’enfants, parents, grands-parents se lève comme un seul homme pour lui faire un triomphe.
C’est ainsi chaque jour, chaque soir. Et ça fait trente ans que ça dure. Trente ans déjà...
Vraiment ?
Nedjma VAN EGMOND