Plic...
On n’assiste pas à " Plic Ploc ", le spectacle du Cirque Plume. On le vit. Comme un moment d’une intense poésie, traversé, toujours, d’étincelles d’humour. Et de beaucoup d’eau. De musiques et d’enfants de la balle au talent prodigieux. Les mots sont vains pour dire tant de beauté.
Catherine Vingtrinier
Ploc !
C’était lundi soir. Le public est entré sous l’immense chapiteau. Il s’est installé sur les bancs de bois. Les luminaires, environnés d’un halo de lumière chaude nous plongeaient dans une atmosphère rétro. Et puis ce fut le spectacle. Le plic ploc de la goutte d’eau, l’empêcheuse de jouer-en-rond. La trouble-fête. La hantise des comédiens. La goutte d’eau à qui l’on veut tordre le cou. Puis qui pleure de plus belle et devient fuite. C’est là que l’eau joue comme une casserole. Ou bien plutôt que les casseroles jouent avec 1’eau. Notes de musique do. Bouquet de soleils de cors cuivrés, flûte à faire danser les tuyaux de caoutchouc. Eau qui s’épanche, comme s’épanchent les cœurs a 1’heure des amours à la plage Serpillières, parapluies. Eau de folie de ce spectacle fait de poésie, d’humour, bref de choses indicibles qui, a chaque instant, nous font battre le cœur. Nous rendent muets. Admiratifs devant ces corps qui se ploient, volent, se déploient, s’accrochent à nos mémoires. On n’a jamais vu ça. Le moment est unique. Cette eau qui marque le temps comme une clepsydre, on se surprend à ne vouloir qu’une chose : que l’eau devienne folle, que la clepsydre s’enraye, que le temps n’existe plus, que le spectacle n’ait pas de fin. Et d ailleurs le temps s’est arrêté. Et ça fait toujours Plic Ploc dans nos cœurs et dans nos âmes.