Un entretien avec Bernard Kudlak
Par Estelle Emonet dans Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné (17 octobre 2008)
La nostalgie du paradis
Le Grand Angle à Voiron accueille pour la seconde fois le Cirque Plume et son spectacle "Plic Ploc". L’occasion de découvrir ou de replonger dans le monde merveilleux créé par le directeur artistique Bernard Kudlak et de profiter d’un moment suspendu qui tombe à point nommé...
Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : Vous aviez déjà présenté ce spectacle au Grand Angle de Voiron sur la saison 2003-2004. Pour quelles raisons devrait-on retourner vous voir ?
Bernard KUDLAK, directeur artistique du Cirque Plume : Ce n’est pas la première fois qu’une salle nous demande de revenir après quatre années de représentations autour du monde. Évidemment si le spectacle est le même, la représentation elle sera différente. Quatre ans après, je parie que les gens qui reviendront seront surpris. J’ajoute d’ailleurs qu’un spectacle naît de la rencontre entre le public et la scène. Tout se passe entre ce que nous proposons à partager, à voir et le ressenti, les émotions, les projections des spectateurs. Si vous êtes allés chez Troisgros, vous pouvez y retourner trois ans plus tard, reprendre le même menu et apprécier tout autant le moment !
A.G.D. : Comment définiriez-vous l’univers du Cirque Plume ?
B.K . : Le cirque, c’est la nostalgie du paradis, ce que tout être humain partage. Par sa poésie, le cirque aborde cette nostalgie, ce merveilleux. La simplicité qui émane de ce spectacle est l’aboutissement d’un travail et pas son commencement. Les hommes marchent sur les mains, les êtres humains se donnent au maximum de leurs possibilités et la musique est très présente.
A.G.D. : Votre cirque est très différent du cirque traditionnel...
B.K. : Je ne veux pas me définir par rapport au cirque traditionnel. Le cirque traditionnel, c’est aussi la nostalgie du paradis. Quand les fauves sont sur la piste, quand les chiens font de la bicyclette, c’est l’état du monde lorsque les hommes et les animaux ne sont pas séparés, qui est évoqué. En cela, nous sommes profondément liés aux origines du cirque. En terme de performance, avec Plic Ploc nous avons des artistes parmi les meilleurs au monde. On crée un spectacle beau, marrant, poétique qui nous parle de notre nostalgie du beau, du bon, de la fraternité... Le cirque ne parle pas au conscient, il n’est pas question de culture, mais au contraire d’inconscient. On partage tous la peur, le besoin d’amour, la tendresse, la colère. Depuis toujours, nous essayons de répondre à ce rêve de Jean VILAR : que nos spectacles s’adressent aux agrégés de grammaire, aux maçons, aux chauffeurs de bus, aux enfants comme aux vieux.