Les Echos.fr4 juillet 2017
Nuits de Fourvière : le dernier songe du Cirque Plume
Le dernier opus du Cirque Plume veut donner envie de croire encore en l’humanité.
Il a fière allure, le chapiteau du Cirque Plume installé parc de Parilly, aux abords de Lyon : il attire à chaque représentation pas loin d’un millier de personnes, preuve de l’attachement de son public. « La Dernière Saison », s’annonce comme l’ultime tour de piste de Bernard Kudlak et de ses compagnons de route. Le Cirque Plume a beaucoup fait pour la reconnaissance des arts de la piste. Un univers à part gorgé de visions quasi picturales et de musique. « La Dernière Saison » ne déroge pas vraiment à la règle : près de deux heures de show, des tableaux vivants, des numéros virtuoses sans trop de surprises et cette folie douce qui s’empare de la compagnie au fil de la représentation.
Visions poétiques
Pas question pour autant de céder à la mélancolie : cet opus se veut militant et veut donner envie de croire encore en l’humanité. Le dernier mot entendu sur scène est d’ailleurs « fraternité ». Tout commence comme un « Songe d’une nuit d’été » avec force visions poétiques : la funambule tient sur une rangée de bouteilles, les feuilles ¬mortes se ramassent à la pelle... Un homme-cheval fait son numéro. Et demande « une roulade qui lui raconte une histoire ». Ici on jongle avec une plume, tandis que des ombres géantes tutoient la pointe du chapiteau.
Le rire n’est jamais loin, comme dans cette séquence où la contorsionniste est aux prises avec une paire de skis. Les enfants adorent - surtout quand un père Noël déboule en plein mois de juillet ! Parfois l’humour est un peu appuyé et c’est dommage... Il manque un vrai clown à cette aventure capable de jouer le fil rouge. On cherchera son bonheur ailleurs, comme dans ce trio avec valise, qui se lance dans un superbe numéro de percussions. Une fildefériste déboule sur un double fil en dialogue avec les musiciens. Une interprète grimpe au mât avec l’aisance d’une fille de l’air. Les femmes du Cirque Plume mènent le plus souvent la danse.
« La Dernière Saison » s’inquiète également du sort de la planète. Dans une jolie séquence, des sacs plastique par la magie d’un ventilateur entament un étrange ballet. Ce n’est pas aussi réussi que « L’Après-midi d’un foehn » de Phia Ménard, mais l’intention est belle. Le final avec parapluies et fanfare tirera quelques larmes aux admirateurs de Plume. Partie pour deux ans de tournée après sa création aux Nuits de Fourvière, cette saison d’adieux vous en fera voir de toutes les couleurs.
Philippe Noisette