La Provence3 novembre 2015
Cirque Plume, la poésie en mouvement
Installée jusqu’à samedi au Silo, la compagnie née dans le Doubs présente un spectacle magique
En trois décennies d’existence, le Cirque Plume a révolutionné la scène circassienne telle qu’on la pratique depuis des siècles, bousculant les conventions, les usages, les figures obligées. Au point d’être devenu une référence à travers la France et même l’Europe, avec de multiples tournées qui ont toujours associé succès critique et ferveur publique. Paradoxalement pour une ville où les arts de la rue sont si vivants, les "Plume" sont rarement venus à Marseille.
Aussi, leur présence actuelle au Silo, où ils ont posé instruments de musique et matériel d’acrobatie jusqu’au mercredi 11 novembre, est un véritable événement. Qui a provoqué un réel engouement à travers toute la région, certains fans ayant réservé leurs places depuis des mois.
Samedi pour la première, l’ambiance était donc aussi festive qu’attentive dans la salle d’Arenc. Où se mêlait un public étonnant, avec des enfants, des étudiants, des "cultureux", des rockers, etc. Bref, un public vivant, à l’image de la diversité et de la folie du Cirque Plume. Sur scène, cela tient beaucoup du concert, parfois en version fanfare avec des musiciens en marche, d’autres fois en ligne de fond de scène.
Ça sonne bastringue, guinguette, jazzy, ça renvoie aux pirouettes toujours déroutantes d’un Albert Marcoeur, surnommé en d’autres temps le "Zappa bourguignon", ou à l’enthousiasme entraînant d’un Arthur H. Il y a aussi de la danse contemporaine, avec quelques cavalcades fluides qui ne dépareilleraient pas chez un Benjamin Millepied, à l’image de l’introduction du spectacle joliment intitulé Tempus fugit ?
Dans ce brouhaha effervescent, il y a surtout des temps de cirque, roulades et sauts périlleux, jeux de corde, fil de fer, exercices au cerceau, parfaitement exécutés et amenés très simplement, sans forfanterie mais souvent avec humour. Le tout témoigne d’une touchante magie, dégage une poésie en mouvement, propose une beauté surprenante tel un magnifique numéro de musicien volant. Et montre que si l’avenir n’est plus ce qu’il était, le temps qui s’écoule garde ses interrogations.
F.G.