Blog de Gérard Delahaye, chanteur3 février 2018
Le Cirque Plume et l’horreur
Petite virée à Caen. Dans l’après-midi, nous sommes allés voir le Mémorial, qui a pris le parti de décrire la guerre pour nourrir la paix. C’est un choc. Destructions, haine, pendaisons, trahisons, délation... Les pires fruits que les humains cultivent comme s’ils s’acharnaient à se détruire eux-mêmes.
Le soir, nous assistons au nouveau spectacle du Cirque Plume, qui sera aussi le dernier. Et qui s’intitule fort justement "La dernière saison". Nous suivons leurs ébats depuis des années, par amitié personnelle et par enthousiasme pur de spectateur. Nous avons une fois de plus reconnu cette patte chatoyante, irréelle, cet univers poétique de douceur, de drôlerie, images nées d’un rêve qui fleurit sur ce monde parfois terne et cruel. Oui, à chaque étape on aime les retrouver comme des cousins éloignés. Et c’est si bon d’être là, au milieu de ce public mélangé en âge, en condition, en origine, c’est bon de partager le rire, les larmes, le plaisir et la beauté.
Danseur qui vole autour d’une plume, bombes et charniers, acrobates rieurs, solution finale, musiciens voltigeurs, ruines et gravats, clown déjanté, silhouettes lunaires... Ce n’était pas prémédité. Mais le rapprochement de ces deux univers nous a offert en quelques heures le pire et le meilleur de l’humanité.
Les artistes nous donnent à voir, entendre, toucher ce rêve enfoui dans nos cœurs. Parfois ils osent plonger au fond de nos turpitudes, se font messagers dénonciateurs du malheur. Mais le plus souvent, ils soignent nos douleurs, nous guérissent même parfois, en nous montrant que nous pouvons être plus grands, plus beaux que nous. Et nous montrent un des chemins vers ce noyau intime et chaleureux qui seul peut nous sauver. Merci Cirque Plume !
Ils se donnent encore deux ans avant de mettre la clé sous la porte de leur chapiteau des merveilles, précipitez-vous !
Gérard Delahaye