Chapiteau bondé et public salinois en délire pour la toute nouvelle création du cirque Plume.
Cet « Atelier du peintre » est une délicieuse incursion dans l’univers des arts plastiques dont toutes les facettes et les époques sont exploitées pour nourrir une inspiration qui, en près de deux heures, ne faiblit jamais.
La première scène réunit toute la troupe devant « Les Ménines » de Velasquez, puis les trouvailles se succèdent. Comme dans un rêve, une odalisque se détache de son tableau pour un duo chorégraphié avec un jeune homme foudroyé par sa beauté. Lequel (Philippe Nicaud) se livre alors à un époustouflant numéro d’acrobatie avec oreillers.
Ce sont deux torses musclés (Pierre Kudlak en Papy peintre et Robert Miny, compositeur de la musique) qui pastichent le célèbre portrait de Gabrielle d’Estrées dont le sein est délicatement pincé par sa sœur.
Une toile fendue de Fontana donne lieu à des entrées et sorties de scène hilarantes. Dans ce nouveau spectacle, même le body painting est évoqué, via le soutien-gorge que s’improvise une des musiciennes (Brigitte Sepaser) en se badigeonnant de bleu Klein.
Hommages ou dérision, les clins d’œil et références aux peintres évitent toute pesanteur et mettent en valeur les artistes circassiens, comme Kristina Dniprenko, dans une prouesse à la roue allemande qui cloue le spectateur à son banc. Ou Laura Smith, qui s’envole sur le trampoline dans un nuage de pétales rouges.
Car la poésie baigne aussi un spectacle où, mine de rien, et toujours avec grâce, les numéros s’enchaînent avec la légèreté qui est la marque de fabrique du cirque Plume. Tout comme la musique, omniprésente, qui accompagne notamment une scène de jonglage au rythme de plus en plus précipité (performance de Tibo Tout Court en clown Oui-Oui).
Le tableau final, où tous les artistes sautent de leur cadre, rebondissent en évolutions aériennes sur le trampoline, puis regagnent leurs cimaises, amène une évidence : la peinture et le cirque étaient faits pour fusionner.
Christiane Barbault