NRC Handelsblad20 août 1996
Enchaînement capricieux de tours disparates
Henk van Gelder
Cirque Plume a grandi. La représentation précédente de nos bouffons poétiques de France étaient encore jouée dans une petite tente, sur un plateau semi-circulaire, et pour les différents numéros il ne fallait guère plus d’un décor construit de chiffons et de ferrailles. Maintenant l’ensemble d’acrobates qui, aux Pays-Bas aussi, a commencé à faire recette, monte (dans une tente type "grand chapiteau") sur une scène qui, tout comme dans un théâtre régulier, se trouve face à une tribune à mille sièges. Cette scène est entourée par des rideaux, et le plancher luisant, lui, ne renvoie plus au cirque traditionnel, mais plutôt presque, à un vrai théâtre. Lorsque j’ai vu cela, j’ai retenu mon souffle.
Mais peu à peu, il s’avère qu’heureusement Cirque Plume, sous la direction artistique de Bernard Kudlak, n’a pas essentiellement changé de caractère. Malgré le fait que le décor a été perfectionné et que le son et la lumière sont encore plus raffinés qu’avant, la nouvelle production "l’harmonie est-elle municipale ?" nous montre toujours ce mélange unique d’acrobaties, d’exploits de costauds, de mime, de prestidigitation, de tours disparates et de bouffonneries propres au théâtre de rue. Le spectacle précedent était plus grossier mais l’atmosphère est restée ludique. Les comédiens ont toujours l’air de prendre le même plaisir à jouer.
Et tous les participants jouent toujours des rôles multiples. La jeune trapéziste qui vient de culbuter supérieurement autour de sa barre fixe va un moment après jouer sa partie dans l’orchestre qui, lui, marque toute la représentation de son empreinte musicale si pluriforme. Le guitariste continue son solo rock sur le trampoline.
L’homme à la grosse caisse sait faire le saut à vélo de la mort en arrière. la femme qui, pour le moment, joue du saxophone, a dansé avant sur la corde raide, un pas de deux délicat avec un petit fantôme. et sa collègue, après avoir réalisé une danse d’ombres superbe, va par la suite escalader un drap suspendu d’un métrage immense - et cela avec une élégance envoûtante jamais encore vue dans une personne qui monte vers le faîte du cirque.
"L’harmonie est-elle municipale ?" est une représentation d’un groupe ensemble, tout comme celles d’avant. Il n’y a pas les exploits individuels qui déterminent cette production, mais l’enchaînement des diverses scènes joue un rôle décisif pour faire des numéros une joyeuse parade. Dans la nouvelle tente aussi cette qualité est restée intacte.