L’Humanité Dimanche11 octobre 2018
Cirque Plume | Le temps des adieux
DÉCOUVIRIR - ARTS VIVANTS
Depuis plus de trente ans, le Cirque Plume déploie un spectacle affranchi des conventions, rapprochant les différents arts de la scène. Avant de plier chapiteau, la compagnie pionnière du « nouveau cirque » s’offre un dernier tour de piste joyeux et déluré. Salut, les artistes !
Une ultime tournée et puis s’en va. Ce n’est, hélas, pas un au revoir mais bien un adieu. Mais puisqu’il faut vivre au présent, le Cirque Plume, fine équipe de frappadingues circassiens jurassiens, qui sévit depuis 1984, s’accorde une « Dernière Saison ». Foin de nostalgie et de mélancolie. Comme à leur habitude, les comédiens et les musiciens de la troupe mêlent allègrement l’onirisme aux acrobaties. Cinq ans après « Tempus Fugit », qui figurait déjà une réflexion sur le temps, « la Dernière Saison » interroge l’avenir de la planète. La nature omniprésente se matérialise par une toile géante symbolisant la forêt dans laquelle, elle a, paraît-il, été peinte. Aux dires des facétieux artistes, elle a été exposée sept ans durant en pleine nature, à la merci des aléas climatiques.
« La Dernière Saison », douxième et ultime création, interroge l’avenir de la planète, évoque le temps qu’il fait, celui qui passe… Jeunes et vieux circassiens se défient sur un plateau pour un beau passage de témoin.
FUSELÉS ET VENTRIPOTENTS
Sur le plateau, le Cirque Plume s’invente un chemin à la lisière du théâtre, du concert et de la performance physique. Sans récit linéaire ni véritable enchaînement de numéros, les artistes s’autorisent néanmoins quelques gags récurrents. Certes, tout ne fonctionne pas. Mais la pratique de l’autodérision à rebours d’une mode de corps jeunes et fuselés pousse les membres fondateurs à s’afficher joyeusement en slip, exhibant leur ventre proéminent pour les uns, leur peau distendue pour les autres. Que les pères la morale se rassurent, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Au contraire, dans la salle, adultes et enfants rient de concert.
Mais « la Dernière Saison » reste du cirque avec son lot d’éléments spectaculaires. Ce spectacle imagine un beau passage de témoin où jeunes et vieux circassiens s’affrontent, s’interpellent, se défient. Qu’importe l’âge, il y a toujours des acrobaties possibles. La différence réside dans l’exécution. Accompagnant les pitreries de Bernard Kudlak, auteur et metteur en scène du spectacle, et consorts, les musiciens emmenés par Benoit Schick donnent une tonalité où le jazz, le rock et les sonorités africanisantes se succèdent avec bonheur. Le Cirque Plume a vieilli mais reste alerte, joyeux et vivant.
M.M.