Baptisé " L’atelier du peintre", le neuvième spectacle du Cirque Plume revisite les classiques de l’histoire de l’art occidental sur un mode déjanté, poétique, émouvant et plein d’humour. " Plic Ploc ", la dernière production de cette compagnie du nouveau cirque, créée en 1984, avait fait un monde d’une goutte de pluie. Aujourd’hui, il s’agit de peinture et de processus créatif. L’acte de peindre n’a pas seulement servi de prétexte à l’élaboration des décors et des costumes, mais semble bien avoir guidé les numéros dans le moindre détail de leur composition. Les acrobates, jongleurs, clowns et musiciens reprennent à leur compte les gestes et outils du peintre, élaborant autant de tableaux que de saynètes réjouissantes où se croisent, sur les planches et dans les airs, un collectionneur et son secrétaire, un peintre et son confident, une odalisque et un saltimbanque, une statue et une danseuse… Chaque numéro peut être compris comme une référence plus ou moins directe à des tableaux, qu’il s’agisse de l’Odalisque d’Ingres, des Ménines de Vélasquez, des Nus Bleus de Klein ou des tirs à bout portant sur une toile façon Niki de Saint Phalle. Mais, au-delà, il s’agit surtout de célébrer la liberté de l’acte créateur, le plaisir et la douleur qu’il procure, à l’image du numéro de sangles aériennes qui place l’artiste, ivre, au milieu de ses angoisses nocturnes.
Une situation à laquelle semblent répondre, en positif, les figures exécutées sur trampoline d’où jaillissent des pétales rouges comme des éclats de couleurs et de joie. La beauté du geste ne saurait faire oublier la prouesse technique des acrobates utilisant à la perfection la roue allemande, le trampoline, les sangles, le trapèze... Tout est mis en scène dans un dialogue permanent entre les différentes formes de créations, les arts plastiques, les arts vivants et la musique qui joue, elle aussi, un rôle essentiel grâce aux compositions de Robert Miny.
Daphné Bétard