Les métronomes (extrait n°5 du 18 septembre 2002) par Bernard Kudlak
Alain nous a fait une superbe impro hier, presque un numéro à garder comme ça, intact !
Sous un gros jet, il se débattait entre des bidons dans un rythme d’enfer, on était plié !
Brigitte se protège d’un jet d’eau en se renversant sur la tête une gamelle pleine d’eau. Effet garanti.
Lolo appendice sa basse de diverses plomberie qui, comme leur nom l’indique, ont plombé l’instrument depuis en grève du zèle. C’est malin !
Pierre suit le trajet d’un verre d’eau avec une envie de faire naître un style en gestation dans sa tête. C’est le mois des naissances.
Avec ce déluge dans le spectacle, il ne nous reste plus qu’à attendre Noé !
Sinon, nous organisons une série d’auditions en mars 2003 pour recruter les artistes du spectacle qui nous manquent. On doit bientôt faire passer l’annonce, c’est un début.
Nous avons commencé la musique des métronomes. Pas le concert pour cent métronomes de Georgi Ligeti. On prendra notre temps à nous !
En tout cas, un groupe de métronomes dont chaque appareil bat le même temps, produit des battements d’ensemble, qui se décalent puis après un petit voyage par le trot, le galop et le roulement du garde champêtre, reviennent à un battement commun et retournent sur les chemins communaux battre la semelle de rythmes dissociés.
Ceci dans des boucles rythmiques cohérentes et régulières.
Nous avons repéré ces boucles, construites quelques-unes, à chaque fois c’est un mouvement aléatoire que nous ne contrôlons pas, mais dont l’ensemble forme un motif régulier et singulier non reproductible à l’identique par un autre groupe de métronomes.
Il nous apparaît que cette nature à la fois aléatoire et régulière est très intéressante. Elle fut l’objet de travail d’une partie des jours précédents.
Nous avons étendu ce principe aux gouttes d’eau et à la voix, chaque voix suivant chaque gouttes d’eau. Puis avec differents sons, et enfin avec des mots.
C’est un début : nous vous tiendrons informé de la suite. Nous avons décidé d’aboutir cette piste pour la fin du mois d’octobre.
Vendredi 13 septembre, lefestival de musique de Besançon a ouvert sa 55ème édition par le concert-spectacle "Variété" de Mauricio Kagel que j’ai créé (à Nice en novembre dernier) avec l’"Ensemble Télémaque" de Marseille et des artistes de cirque.
Ce fut une très bonne représentation, malgré une salle équipée d’une scène trop haute d’au moins soixante centimètres. Toute la palette d’émotion, de satisfaction d’appréciation, d’enthousiasme, de surprise, de détestation ou d’incompréhension m’a été présentée.
Je suis un défenseur de la notion d’art populaire, du cirque en particulier, au sein de la culture de notre époque, et ce fut un grand bonheur de travailler à une pièce musicale contemporaine qui demande une écoute et une ouverture particulière, et peut être même une connaissance de cette musique, pour pleinement l’apprécier.
Kagel voulait du cirque, de la fête foraine, du strip-tease ou des gymnastes pour accompagner sa musique……
A la cité de la musique à Paris en décembre 2001, ce fut un public de mélomane découvrant les arts du cirque. A Besançon en 2002 j’ai plus senti une bonne partie du public du Cirque Plume écoutant, étonné, un compositeur contemporain. Avec ceux qui me tombèrent dans les bras d’émotion, et un qui m’a demandé si on aurait pas mieux fait de jouer la musique après le spectacle, parce que dans ce cas il aurait pu partir sans avoir à se la taper…d’autres qui l’ont découverte grâce au cirque, et des mélomanes ravis de cette expérience singulière, les musiciens étant autant sollicités pour le jeu théâtral que les artistes de cirque.
Je suis fier de nous, techniciens artistes et musiciens, d’avoir réussi cette belle rencontre que nous avait proposé l’"Ensemble Télémaque" (de Marseille). Un spectacle, et populaire, et savant ! Ou, si vous préférez, ce spectacle est populaire, et est savant…. (de Marseille).
Et l’aventure continue.
Tout cela n’est pas sans incidences sur le travail de recherche que nous menons en ce moment…
Autre chose à propos des métronomes : je pense avoir l’idée du début du spectacle.
J’ai toujours vécu entre l’amour du spectacle et celui de la nature. Entre l’envie de n’être que dans le noir des chapiteaux et des salles (à chercher la lumière), ou de n’être que dans les champs et les bois (à chercher notre part obscure ?).
Aujourd’hui : entre l’envie de naître à ces deux mondes, à égalité, et par la grande porte. J’imagine le début de "Plic Ploc" comprenant ces deux mondes. Mais chut.. je n’en dirai pas plus.
Le travail sur les jets avance aussi : Ramons fait des siennes, et les balles de ping-pong se découvrent faire de l’escalade sur des jets d’eau, comme quand j’étais petit à la kermesse du foot de Sous-Roche à Valentigney (ou à la fête d’Audincourt, je ne sais plus bien…)
D’ailleurs, à Audincourt j’y retourne fin octobre pour l’inauguration du lieu de création du Théâtre de l’Unité… La filature, juste là ousque ma grand-mère Germaine a travaillé, enfant (j’en parle d’ailleurs sur scène dans le spectacle "Récréation").
Avant cette date, notre chère et tendre amie Hervée De Lafond participera, chez le cirque Pagnozoo, aux rencontres entre les compagnies de cirque de Franche-Comté et des acteurs culturels de notre région et d’ailleurs.
On y parlera du cirque, du public et de l’art populaire… c’est vous dire.
Ça usine chez nous, c’est l’habitude !
Fuite au prochain numéro….
Le 18 septembre 2002.
Bernard Kudlak
Directeur artistique