Le nom de Plume (septembre 2016)
Fin d’hiver 1984, nous venions de décider de fonder un cirque, restait à lui trouver un nom.
Sur la péniche « le café de la plage » à Besançon, quartier Tarragnoz, sur laquelle notre fanfare Léa Traction répétait, une liste était ouverte. Chacun rivalisait de calembours ou d’imagination pour trouver ce nom.
Un de ces jours là, en descendant la côte du comice à Quingey, au volant de mon vieux tube Citroën trois vitesses, un nom s’impose à moi : Plume. Cirque Plume. Je le mâche un peu, le retourne sous la langue. En arrivant à la maison il a toujours du goût : Plume. Cirque Plume. J’en suis tout excité.
La réunion suivante je propose cette idée formidable. Accueil plus que mitigé, aucun succès, le bide. Je le mets sur la liste, à la suite des autres. Tout de même un peu déçu.
Enfin nous décidâmes de procéder par élimination. Les calembours virés, puis d’autres noms, dans une belle rigolade.
Enfin, au fond du panier, il ne resta qu’un nom potable : Cirque Plume ! Choisi sans adhésion excessive. Plutôt par défaut.
Cirque Plume ? un oxymore !
Mais en déclinant les possibles poétiques de ce joli nom s’imposèrent rapidement les belles images, la plume du poète, celle de l’oiseau, la nôtre, celle de l’ange, et surtout nous nous rappelâmes que, dans l’Egypte ancienne, après la mort, au passage vers l’Occident, Osiris posait l’âme du défunt sur un plateau d’une balance et … une plume sur l’autre. L’âme devait être plus légère que la plume pour passer vers le paradis.
Nous allions poser notre cirque sur le plateau d’une balance et une plume sur l’autre.
Il devra toujours être léger, en équilibre... vers le paradis ou, en vrai, la « nostalgie du paradis ».
Ainsi fut fait.
Bernard Kudlak